Interview de Terry McQueen (la fille de l'acteur), accordée en 1991.

"JE NE VEUX GARDER DE LUI QUE SON SOURIRE ET SA JOIE DE VIVRE."

"Papa ne me quitte jamais. A chaque fois que je dois prendre une décision importante, je me demande ce qu'il aurait décidé."

Dans sa maison de Malibu, Terry, la fille de Steve McQueen évoque pour la première fois l'acteur de légende. Elle a attendu d'avoir 32 ans pour ouvrir son coeur et son album de famille :

"Onze ans ont passé depuis la mort de mon père le 7 novembre 1980, à 50 ans. Ce jour-là, le monde a perdu une star et moi plus qu'un père, mon meilleur ami. Il m'a fallu toutes ces années, on pas pour oublier la douleur de l'absence, mais pour me dire qu'il fallait que je partage mes bonheurs d'enfance."

Il est venu aussi le temps où elle s'est sentie actrice au plus profond de son âme :

"Je veux perpétuer le nom de mon père. Quand je joue, je lui dédie chaque rôle. Je le suivais sur tous ses tournages avec maman et mon frère, Chad, lui aussi est devenu acteur. Même s'il me fît décrocher un petit rôle, le premier dans "Guet-apens", à 13 ans, il me disait toujours : "Squirt" - c'était mon surnom trouvé par lui - reste éloignée de ce monde-là. C'est bien beau d'être regardée, mais ça finit par te brûler la vie."


Terry McQueen et sa fille Molly, 5 ans.
A droite, Neile Adams, la mère de Terry et première femme de Steve.

Terry sait que le cinéma peut aussi illuminer la vie. Malgré le chagrin qu'en éprouva Neile Adams sa mère, elle s'émerveille encore de l'idylle qui frappa en plein coeur Steve et Ali MacGraw en tournant "Guet-apens".

"C'était une vraie histoire d'amour. J'ai sympathisé avec Ali, qu'il a ensuite épousée, et je suis restée très proche de papa, tout en partant vivre avec maman à Pacific Palisades, plutôt que de rester ici dans cette maison qu'il m'a léguée. Mon père était la bonté incarnée. J'avais 10 ans quand il a vu que j'adorais les chevaux. Il m'a fait alors une belle surprise : à sa demande, la spécialiste d'équitation engagée pour "L'affaire Thomas Crown" me donna mes première leçons. Aujourd'hui, je possède des chevaux."

Terry a partagé les derniers mois de son père qui sut dès 1979, que son cancer était inopérable.

"Je me revois sortant avec lui, la main dans la main, du Cedar Sinai Hopital de Los Angeles. Il venait juste d'apprendre le diagnostic. Dehors, il faisait beau, les gens riaient. Pour nous, c'était le début d'un cauchemar. Pour la première fois, papa avait besoin de moi, comme moi, enfant, j'avais eu besoin de lui. La maladie nous a soudain encore plus rapprochés. Quand il est parti au Mexique, je l'ai approuvé. Il cherchait par tous les moyens, même la médecine parallèle, à s'en sortir."

La fille de Terry nous a rejoints. Molly a 5 ans et demi. Souvant, Terry lui montre les photos de Steve :

"Cette petite fille qu'il n'a pas connue, a les mêmes yeux que lui. Souvent, quand je le regarde, je me mets à pleurer, tant cette coïncidence est bouleversante." Terry est une jeune femme qui a l'humour et l'énergie de son père. Pourtant, son regard s'assombrit quand elle évoque "les autres". On reproche encore à papa d'avoir accepté qu'on lui enlève une tumeur au Mexique, alors que les médecine américains s'y refusaient. Maintenant que j'ai une fille, je comprends pourquoi il s'est tant battu. Il me disait tout le temps : "C'est pour toi et Chad". Il n'avait pas peur de la mort. Il aurait pu abandonner le combat et se laisser mourir. Mais nous étions encore jeunes - j'avais 21 ans et il fallait qu'il résiste jusqu'au bout."

Longtemps après sa disparition, Terry n'a pas eu le courage de regarder les films de son père.

"Maintenant, j'y parviens et une étrange sensation m'envahit. J'ai l'impression d'avoir son souffle sur moi."

Terry McQueen est décédée le 18 mars 1998, à l'age de 39 ans et quatre mois après avoir subi une greffe du foie.